« C’est au Club France que j’ai compris que j’avais fait un truc de fou », nous raconte Pauline Ferrand-Prévot
La vététiste a célébré au Club France, ce dimanche 28 juillet 2024 au soir, son titre olympique acquis plus tôt dans la journée. Pauline Ferrand-Prévot nous raconte « l’ambiance et les émotions » de sa folle journée.
Peux-tu nous raconter les quelques jours avant et le début de ta journée avant l’épreuve ?
C’était long ces derniers jours. On avait des séances d’entraînement mais assez courtes. Alors, j’ai trouvé l’attente du jour de course hyper-longue. Cette nuit, j’ai plutôt bien dormi. Je me suis réveillée ce matin en me sentant bien, assez calme. J’ai pris mon petit-déjeuner, j’ai fait un petit entraînement de quarante-cinq minutes juste pour prendre l’air et me connecter à la nature. Je savais que ça allait être une grosse journée donc j’avais besoin de ce moment pour moi pour profiter avant de partir au combat.
Ça semblait tellement facile pour toi. Quand un sportif dégage une telle supériorité, c’est qu’il est extrêmement fort. Qu’as-tu mis en place ces dernières années pour atteindre ce niveau ?
Cette course est à l’image de ma saison. J’essayais de gagner, mais de façon intelligente. Toutes les courses de préparation m’ont servi pour atteindre cet objectif. Ça fait deux ans que je prépare vraiment les Jeux. J’ai changé d’équipe, de structure, un peu tout finalement, de vélo aussi, de coach. Il m’a fallu vraiment un an pour m’habituer. Même si j’ai été championne du monde l’année dernière, j’ai senti le besoin de souffler pendant l’hiver car ça avait été chargé à cause de tous ces changements. Je me suis aussi fait accompagner dans ma préparation mentale pour progresser à ce niveau-là. J’ai réalisé que j’entraînais mon corps depuis des années mais que je ne faisais pas pareil avec mon mental. J’ai donc vraiment investi là-dedans et ça a été déterminant.
Tu as commencé le dernier tour avec trois minutes d’avance. Est-ce que ça t’a permis de profiter un peu plus de l’ambiance incroyable mise par le public français sur la colline d’Élancourt ?
Oui et non car je savais que j’avais une marge mais je ne voulais ni chuter ni crever. Alors, j’ai un peu levé le pieds pour ne pas prendre de risque mais je ne souhaitais pas non plus trop me relever car je savais que sinon j’allais perdre ma concentration et ne plus être dans la course. Ça a été une lutte mentale pendant toute la course.
Et donc qu’est-ce que t’as pensé de l’ambiance sur site ?
J’étais tellement concentrée que, même si j’entendais beaucoup mon nom, je ne me rendais pas compte du monde qui était présent. Quand j’ai vu la ligne d’arrivée et tous ces gens, là ça a été incroyable. C’est comme si je m’étais reconnectée au présent, ça a été fou de voir cette ambiance et ces émotions.
Dans la foulée, tu t’es rendue au Club France où, à nouveau, une folle ambiance t’as accueillie. Les gens t’acclamaient quand tu sortais des studios de radio, encore plus fort quand tu es montée sur scène, où tu as pris ta nièce avec toi… Comment as-tu senti tout ça ?
C’est vraiment durant ce moment que j’ai pris conscience que j’avais fait un truc de fou, qu’un titre olympique, c’est plus grand que tout. Je ne pensais pas que ce serait autant. Même si, maintenant, j’ai aussi hâte de me retrouver seule ce soir pour me dire que c’est fait. Et enfin savourer.